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OUVRANT LES PORTES DE NOS RÊVES
Interview de Lukás Kándl

réalisé par John Clay

Lukás Kándl, artiste surréaliste, est en traîn de peindre un cycle de tableaux d'oiseaux fantastique, appelé Hommage à Audubon et inspiré des gravures realistes du naturaliste Français-Americain du siècle18ième, Jean Jacques Audubon. Les tableaux déjà achévé on exhibe du 16 mai au 15 juin au Centre tchèque, 18 rue Bonaparte, Paris, et aussi du 29 mai au 6 juillet 2002 à la Galerie Ileana Bouboulis, 48 rue de Verneuil, Paris, France.

Nous avons réalisé cette interview en français par courier électronique. Traduction en anglais réalisé par John Clay.

 

CLAY: Pouvez vous expliquer l'origine de votre intérêt pour les oiseaux de Jean Jacques Audubon?

KÁNDL: Déjà avant de connaître le travail de J.J. Audubon, j’ai réalisé quelques tableaux avec des oiseaux ou des animaux fabuleux. J’ai fait connaissance avec l’œuvre de J.J Audubon à travers un article qui montrait des reproductions magnifiques. Ensuite j’ai trouvé quelques livres le concernant. J’ai même eu le plaisir de visiter sa maison à Key West lors d’un passage en Floride, à l’occasion d’une exposition. Et comme j’ai la même approche qu’Audubon, c'est-à-dire que je réalise mes sujets en grandeur réelle et avec la même minutie, j’ai trouvé notre rencontre parfaitement logique.

CLAY: Quels sont vos modèles? les peintures d'Audubon? des photos des peintures d'Audubon? en plus des photos réelles d'oiseaux?

KÁNDL: Comme modèle j’ai surtout regardé dans les livres ayant des photos d’oiseaux, pour avoir plusieurs modèles du même oiseau. Ceci afin de ne pas être tributaire seulement d’Audubon qui, pour des raisons techniques dues à son époque, a été obligé, par exemple, de réaliser son flamant rose le cou plié, tandis que moi, étant donné qu’il s’agit de peinture sur toile, j’ai pu le peindre debout, dans toute sa splendeur, sur un support haut de près de deux mètres.

J’ai eu aussi tout récemment le très grand plaisir d’être invité par Yvon Chatelin à l’Institut de France à Paris pour admirer, pour la première fois en ce qui me concerne, une édition complète des gravures d’Audubon de très grande qualité. Jean-Jacques Audubon a, au départ, dessiné ses oiseaux, mais l’œuvre finale ce sont des gravures coloriées à la main. Les imprimeurs de l’époque ne pouvaient pas dépasser le format d’environ 120x80cm, limitation due à la taille de la presse et des plaques de cuivre. Par contre il a obtenu une certaine quantité de reproductions tandis que moi je ne dispose que d’un seul original. Bien entendu, s’il avait fait des peintures, comme je le fais moi-même, il aurait pu les faire dans n’importe quelle dimension.

CLAY: Peut-être même les éléments fantastiques de vos peintures peuvent communiquer une expérience nouvelle de l'oiseau réel et de notre rencontre avec l'oiseau naturel, n'est-ce pas?

KÁNDL: J’aime bien ajouter à la représentation du réel, des éléments nouveaux, fantastiques, surréalistes, inattendus, qui donnent l’impression que telle espèce existe, mais que, pour le moment, c’est seulement moi qui l’ai rencontrée et la présente à des invités de choix.

CLAY: Quel procédé avez vous suivi pour faire les peintures « Hommage a Audubon »? Est-ce que vous commencez par esquisser?

KÁNDL: Pour chaque tableau je prépare un petit croquis pas plus grand qu’une carte postale, au crayon noir, pour avoir une idée de la composition. Ensuite je choisis une toile qui correspond à la taille réelle de l’oiseau dans la nature et je commence directement avec la peinture à l’huile. Je ne fais pas de dessins préparatoires.

CLAY: Allez vous peindre encore d'oiseaux?

KÁNDL: A la suite de mes deux expositions « Hommage à Audubon » à Paris ce mois de mai 2002, j’envisage un séjour aux U.S.A. Je suis en train de déposer une demande de bourse pour pouvoir passer 6 mois en 2003 à New York, afin de donner une suite à mon travail sur Audubon. Mon objectif est triple : Compléter et approfondir mon cycle de tableaux en hommage à Jean-Jacques Audubon, en réalisant des études complémentaires dans son pays d’adoption, les Etats-Unis, en particulier dans les musées de New York. Réaliser une grande exposition à New York, réunissant les tableaux actuellement réalisés (40 toiles) et mon travail local, de façon à approcher la centaine d’œuvres. Ces œuvres respecteront la règle que je me suis donnée, c'est-à-dire réaliser les oiseaux toujours en grandeur nature, ce qui était également le souci d’Audubon. Préparer également un livre qui regroupera la totalité de mon travail sur ce thème.

Bien entendu, pour ce projet, je suis à la recherche de sponsors et de personnes pouvant m’aider à trouver un lieu d’exposition ou étant prêtes à écrire sur mon travail car je voudrais que mon livre soit, au moins en grande partie, rédigé par des auteurs américains.

CLAY: Vous avez dit que vos peintures sont comme des chansons à texte. Est-ce que la musique joue un rôle important dans votre vie?

KÁNDL: Bien entendu j’aime la musique; la musique classique et également le jazz traditionnel. Mais quand je parle de chansons à texte, alors je pense réellement au texte, à son contenu, au message qui est délivré. Et effectivement, j’aime bien que mes tableaux entraînent les spectateurs à se poser des questions, suggèrent des réponses et, en tout cas, provoquent des réflexions.

CLAY: Quels textes aimez-vous lire? En prose? En poésie?

KÁNDL: J’aime beaucoup les auteurs comme Kafka, Lautréamont, Dostoïevski, Edgar Allen Poe, Ray Bradbury et en poésie Baudelaire, Apollinaire, Rimbaud. Et j’aime aussi les textes bibliques. Par exemple je prépare des tableaux pour une exposition collective qui aura lieu en 2003 sur le thème « Apocalypse selon Saint Jean ».

CLAY: On donne quelquefois l'appellation de « réalisme magique » à votre style. Dans votre site internet on trouve l'appellation « surréalisme magique ». Pour vous, qu’elle est la différence?

KÁNDL: Justement c’est le dépassement du beau, du réalisme magique, par le surréel, le visionnaire, le fantastique, le littéraire, qui m’amène à ce que j’appelle le « surréalisme magique ». C’est offrir des visions qui, par leurs détails, sont complètement probables, mais que l’on ne rencontre seulement qu’exceptionnellement en ouvrant les portes de nos rêves magnifiques et étranges.

CLAY: Quelle est la signification de l'art surréaliste dans le monde d'aujourd'hui?

KÁNDL: En effet, l’art dit « officiel », qui est en vogue actuellement (les installations, l’art scatologique, les happenings…), commence à lasser les spectateurs, et l’art dit visionnaire, fantastique, surréaliste par son contenu, avec techniquement ce que l’on appelle « le beau métier », est de plus en plus apprécié. En France, il y a quelques années déjà, Malraux, alors ministre de la culture, disait que le XXIième siècle serait spirituel ou ne serait pas. J’espère donc que par mon travail et avec mes amis artistes de la même lignée, nous participons activement à la réalisation d’un tel rêve.

© 2002 Lukas Kándl et John Clay

 

HOMMAGE À AUDUBON